Papacito s’en sort plutôt bien après avoir déféqué sur le maire de Montjoi

Sigmar Polaris
Démocratie Participative
28 avril 2024

Bonne nouvelle pour Papacito qui n’écope que d’une peine d’amende pour avoir mis à l’amende un politicien du régime républicain.

La Dépêche :

Ugo Gil Jimenez, alias « Papacito », 38 ans, figure de la mouvance d’extrême droite du web, sort condamné du procès où il a comparu en février devant le tribunal correctionnel de Paris, mais il peut néanmoins souffler. En prononçant une simple amende pénale de 5 000 euros pour « injure et incitation à la violence » contre le maire de Montjoi (Tarn-et-Garonne), Christian Eurgal, les juges n’ont pas totalement suivi en effet le parquet.

Ce dernier avait réclamé six mois de prison avec sursis et 3 000 euros d’amende. Le tribunal a relaxé l’influenceur sur une partie des faits, en abandonnant les charges sur une première vidéo diffusée en 2022, ne retenant que celles relatives à une seconde de 2023, sur le même sujet.

L’avocat de Papacito, Me Martial Groslambert, s’est déclaré relativement satisfait du jugement et a expliqué qu’il allait débattre avec son client de l’opportunité de faire appel, ce qui n’est donc pas certain. « Il est relaxé sur trois des cinq chefs de prévention. On a une sanction extrêmement minorée, modérée », a-t-il dit aux journalistes.

Les deux vidéos diffusées sur une chaîne YouTube à 200 000 abonnés brodaient durant une heure chacune sur une sombre histoire de chemin communal privatisé au profit d’un résident britannique et au préjudice supposé d’un éleveur de cochons, ami personnel de « Papacito ». Le maire, apparemment caricaturé sous la forme d’un personnage revêtu d’un costume de fouine, était sodomisé symboliquement, insulté, caricaturé et enfin voué au bûcher, à l’écartèlement, la pendaison, la décapitation au motif d’une supposée homosexualité. Papacito apparaissait par ailleurs dans une mise en scène avec des comparses armés et réunis dans l’idée théâtrale de « punir » le maire.

Le tribunal retient donc la prévention d’incitation à la violence et celle d’injure publique « en raison de l’orientation sexuelle supposée ». Ces mêmes chefs d’injure publique et de provocation à la haine ou la violence sont abandonnés concernant les passages de la première vidéo visés par l’accusation, pour des motifs juridiques restés dans l’immédiat obscurs, le tribunal n’ayant pas lu les motivations en rendant sa décision.

Avec plus d’un million de vues, les vidéos ont amené un déferlement prolongé d’insultes et de menaces, des tags sur les murs du village et sur les panneaux routiers, certains indiquant le chemin du domicile de l’élu. L’avocat de ce dernier, Me Thierry Deville, avait lors de l’audience souligné les risques d’une telle campagne de haine, réclamant 276 000 euros en réparations – le montant encaissé par Papacito après une collecte en ligne censée indemniser son ami éleveur de la vidéo. « Tout le monde a peur aujourd’hui d’avoir une vidéo de Papacito. On risque d’avoir un jour quelque chose de terrible », disait à l’audience l’avocat, qui n’était pas présent au rendu de la décision.

Cependant, sur ce point des réparations civiles à acquitter par Papacito, le tribunal ne donne pas non plus satisfaction au maire, ne lui accordant que 4 000 euros, plus 2 000 euros au titre de ses frais de justice. Trois associations contre l’homophobie se voient par ailleurs accorder un total de 4 500 euros de réparations et frais de justice. Les constitutions de parties civiles de l’épouse du maire et de l’association des maires du Tarn-et-Garonne ont été déclarées irrecevables.

À l’audience, Ugo Gil Jimenez et ses avocats avaient plaidé le droit à la liberté d’expression et la satire, se réclamant du poète Jean de la Fontaine. Ils avaient assuré que les injures employées relevaient « de la coutume du sud-ouest et de l’esprit rugby ». Papacito avait aussi expliqué que la fouine ne figurait pas vraiment le maire mais représentait dans son esprit une catégorie plus générale de personnes qu’il voue aux gémonies. Papacito explique avoir voulu par cette affaire de chemin communal illustrer ce qu’il perçoit comme « l’opposition entre la ruralité et la bourgeoisie itinérante ».

C’est bien trouvée comme expression la « bourgeoisie itinérante ».

Ce qui aurait vraiment de l’allure, c’est de rassembler des chevaliers en armure et de charger le village comme si on était en pleine guerre de cent ans.

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